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Mémoires d'anciens du village

Témoignage anonyme : 

Je me souviens qu'autrefois à Saleich, je vivais dans ma maison familiale avec mes grands-parents, mes parents et enfin mes frères et soeurs. En effet, avant, dans le village, trois générations d'une même famille vivaient sous le même toit (grands-parents, parents, enfants). De mon temps c'était comme ça, mais ce n'était pas que mon cas c'était le cas d'autres anciens du village. J'ai toujours vécu à Saleich depuis que j'y suis née. J'étais plus précisément dans le quartier de Gérus. Mes grands-parents sont morts dans ma maison familiale. 

Dans le temps, les principales activités économiques du village étaient l'élevage de poules pondeuses, la production de tabac et enfin, la production de lait de vache fermier. 

Lorsque j'étais petite, je me rappelle que les villageois de mon quartier venaient tous se rassembler afin de se raconter les dernières nouvelles. Et il y avait un lavoir qui participait aussi à la vie du village, notamment lorsque les femmes se retrouvaient entre elles pour laver le linge. Mais il a dû fermer dans les années 1974-1975. En effet, depuis l'apparition des machines à laver, de plus en plus de villageois ne voyaient plus l'utilité de venir au lavoir pour laver le linge.

Le soir, lorsque tout le monde avait fini son travail respectif, on avait pour habitude de jouer à la pétanque, que ce soit enfant, adultes, personnes âgées. Tout le monde jouait sans exception. Et parfois même entre midi-et-deux.

J'ai aussi certains souvenirs de ma vie d'écolière. J'ai commencé l'école à partir de l'âge de 6 ans, et de mon temps, tous les enfants du village allaient à l'école à pieds, et on avait pour habitude de faire le trajet tous ensemble. Mais mes frères, qui étaient plus âgés, faisaient le trajet à vélo. Les grands, étaient dans une école à côté de la mairie et les petits avaient classe dans l'école actuelle de Saleich. Après l'école, on allait 2 fois par semaine entre midi et deux avec le curé au Catéchisme de 12h à 12h30.

À 12 ans, nous avions notre première Communion qui se déroulait à la Chapelle. Et chaque dimanche, la messe était obligatoire. Car si nous n'y allions pas, c'était très mal vu.

Mes parents possédaient un terrain de 15 hectares, avec une dizaine de vaches et de la vigne et on possédait notamment du blé et mes parents faisaient du tabac. Je me souviens que dans le jardin, il y avait trois chassis où poussaient des feuilles de tabac. 

Pendant l'été, on coupait les branches du dessus afin que les feuilles de dessous puissent pousser. Puis on récoltait les feuilles grâce à un tracteur remorque TD25 Dutch. 

Mes parents à l'époque, possédaient un séchoir à tabac, c'était un bâtiment tout en bois, où les feuilles de tabac étaient rangées et enfilées à l'aide d'une machine. Les feuilles de tabac étaient en guirlandes et suspendues au plafond afin de les faire sécher à l'air libre. L'hiver, avec mes frères, et mes parents, on décrochait les guirlandes de tabac séché puis on faisait des manoques  avec mes grands-frères et mes parents dans la salle à manger qui n'était utilisée que pendant les grandes fêtes de famille. Une manoque de tabac  était constituée de 24 feuilles étirées et la 25ème feuille servait à enfermer le reste. Puis on mettait les manoques de tabac dans une presse afin de constituer un ballot. Le tabac était ensuite vendu au marché du Salies-du-Salat. 

Mes parents possédaient trois poulaillers. On "levait" les oeufs deux fois par jour. On calibrait les oeufs à l'aide d'une machine. Les oeufs étaient rangés  et selon le poids tombaient sur un tapis spécifique. Ils étaient ensuite rangés dans un carton qui est mis dans une caisse. Dans le village, les enfants aussi venaient ramasser les oeufs. Puis, les oeufs étaient mis dans un panier. Je me souviens que nos voisins venaient chez nous tous les jours pour calibrer les oeufs, car nous étions les seuls qui possédions une calibreuse à oeufs. Mais comme le marché des oeufs et tabac n'étaient plus rentable, nous avions dû arrêter leur production dans les années 60. En effet, concernant le marché du tabac, nous manquions fortement de main d'oeuvres et il y a eu aussi la modernisation des machines qui a eu un impact important.Nous avons alors commencé à augmenter la production de lait. La coopérative laitière passait chercher le lait conditionné dans des bidons. Le livreur passait livrer le lait le matin et le soir. 

Dans les années 70, de nombreuses machines agricoles ont commencé à se développer: les botteleuses, les presses, les round-baller pour former des boules de foin. Grâce à cela, les villageois ont pu augmenter l'exploitation des terrains agricoles avec une superficie plus importante. Ce qui permettait aussi de fournir un travail beaucoup moins important et de travailler plus vite. 

Je me souviens également que dans le village, tout le monde possédait sa propre vigne et faisait son propre vin. Il y avait beaucoup d'entraide entre voisins pour le vin. 

Pendant l'hiver, les cochons étaient tués. Les hommes se chargeaient de tuer les bêtes pendant ce temps-là, les femmes, elles, préparaient de la charcuterie: saucissons, jambons, pâté...etc. On gavait aussi les oies et canards afin d'en préparer du confit. Le canard était engraissé et cuit dans un chaudron où il cuisait avec sa graisse (au gré)

Et il y a aussi une autre spécialité culinaire qui était cuisinée en hiver: le millas. Le millas est une spécialité culinaire provenant d'Occitanie, d'Ariège,  préparée à base de farine de maïs, de froment (millassous). Le millas vient de "milh" signifiant Millet. En effet, pendant l'Antiquité , il était préparé à base de farine de Millet, qui a été remplacée désormais par de la farine de maïs. Le millas était généralement servi, salé lorsque le cochon était cuisiné. 

À l'époque, les villageois, comme c'était une recette "paysanne", n'avaient besoin  que de trois éléments principaux pour preparer le millas : un chaudron en cuivre, un "todelha" (toudeille), un feu de bois et enfin une cheminée. 

Il y a également un autre dessert que mes parents préparaient très souvent, c'était la Jonchée ("junquade" en patois) :  On la préparait à base de lait cru de vache que l'on faisait cailler. 

De mon temps, mes parents utilisaient une plante, ressemblant à la fleur d’artichaut pour cailler lait. ensuite, c’est la présure des Charentes et de nos jours c'est une préparation à base de présure qui peut être achetée en pharmacie. Une fois que le lait a durci, le lait était mis dans un récipient où il y avait des tiges de joncs tressées pour faire égouter le lait. Lorsque le lait est égouté, le lait est ensuite mis dans un autre récipient où on ajoutait le sucre et du rhum puis la préparation est prête à la dégustation 

 

Jean Cante ancien Maire de Saleich : 

Naissance au milieu du siècle dernièr. Naissance à domicile. Je suis né dans un moulin. Le village tournait autour des moulins et de la rivières. Au village y’avait deux école, une Epicerie, café et boucherie. On trouvait également des commerce ambulant. Toutes les productions de la ferme était voué à la vente. Il y avait environ en trentaine d’exploitation agricole donc le territoire était divisé en trente. Aujourd’hui en demeure seulement 4. 

Dans ma famille il y avait une partie entre élevage de 6 vache, une partie de scieur de long (scierie) et meunier. 

Dans les année 70 un petit champ de tabac avait permis à Joseph (son voisin) de s’acheter une botteleuse. Ce levier économique était assez discret car seulement 5 agriculteur le faisait sur Saleich mais il devait rapporter un peu
Dans les années 65 il y a eu une expansion de l’aviculture : les producteurs d’aliments pour volaille prenaient de l’argent pour promouvoir l’aviculture et que les gens fassent construire ces longs bâtiments destiné à l’elevage de volaille. Cela s’est fait au dépend de l’agriculture traditionnelle, certains ont d’ailleurs abandonné la production de lait pour se tourner uniquement vers l’aviculture comme la famille de Gilles Junquet par exemple.  La première réserve d’eau potable : 1953. J’ai assisté à l’arrivé de l’eau au robinet Les gens allait chercher l’eau au puits. Il y avait une poste à Saleich. Dans les année 60 on allait à la mairie pour téléphoner. Ensuite on a installé un poste téléphonique chez des personnes privées dans chaque quartier. 

 

Vie sociale et économique 

Le maire l’instituteur et le curé : La vie sociale tournait autour de ces trois axes. Ils étaient les référents uniques des villageois. Dans le village il n’y avait pas de disparité sociale : Nous étions tous pauvre mais nous n’en étions pas conscient car le sens des valeur était différent. L’eau, le pain était respecté. Il y avait des toilettes sèches dans toute les maisons. La douche est pour moi la plus belle des inventions. Quelques maisons avait un poste DSF (poste radio) les gens qui avaient la radio pouvait être informer des mouvements sociaux avant les autre. Et d’ailleurs pendant la guerre notamment il fallait cacher qu’on possédait ces moyens de communication en cas de contrôle des allemands. La télé est arrivée dans les années 1960 : Il y avait deux poste de télé sur le village. Nous nous retrouvions chez ceux en possédait pour des émissions dans les cuisines au coin de la cheminée (car oui y’avait pas de gaz). Les lieux de socialisation était n’étaient pas uniquement au café mais chez les gens, le temps libre était rare. En effet le travail à la ferme était dur, la mécanisation n’existait pas avant les années 1960 et les paysans travaillaient avec la traction animal. Je me souvient d’ailleurs avoir été très heureux lorsque le tracteur est arrivé. J’ai mauvais souvenir de la traction animal. En général les gens travaillaient dur et on ne sortait pas beaucoup du village, à titre d’exemple, je suis allé à la mer pour la première fois à 18 ans. Parfois j’allais au séance de cinéma je me rappelle de Benhur la première fois et puis du film Le jour le plus long qui traitait de la guerre. Film d’autant plus interessant car nos parents avait vécu cette période difficile et nous transmettait cette émotion. On apprenait certaines choses détour de discussion par exemple que le maire de Saleich avait été tué par le maquis pro-envahisseur.   

 

 

Dans ma maison natale il y avait ma grand mère mère mon arrière grand père ma mère et deux petit enfants qui étaient des refuges belges qui était descendu à pieds. Plusieurs avaient accueilli des réfugiés dont la famille de Marie d’ailleurs. Les choses étaient spontanées et se faisaient comme ça. La détresse a toujours existé. Le courage c’est avoir envie de donner à la société. 

 

L’école : Nous faisions 8 km par jour pou aller à l’école. J’hbaitait loin mais on se retrouver en groupe sur le chemin. Après l’école le collège. On était interne ce qui est un vecteur de socialisation. J’étais à St Girons, je me suis lié avec mes compagnons d’internats de manière extraordinaire. Mon premier collègue de chambre a été mon témoin de mariage. Le rencontre avec les enseignants était un souvenir merveilleux. Mais je me rappelle d’une rupture en 1968 j’étais en troisième : Tout était cadré par des surveillants, professeurs ect… et du jour au lendemain nous étions livrés à nous même. Il n’y avait plus d’études et même de surveillants. En tant que représentants des élèves j’étais mandaté pour remettre en place les études surveillées parce que nous n’étions pas prêt pour ce changement. Par ailleurs, il n’y avait pas de mixité au collège et lycée. Ensuite je suis parti à la fac de Toulouse 1970, j’ai fais partie de ces gens là. Je suis arrivé à Toulouse, je découvre Carrefour. J’étais logé dans une chambre de bonne que j’avais réussi à trouver par réseau familiale, nous avions négocier  le prix par courrier (rires). Je sortais d’un endroit protecteur et on se retrouve à 1800 dans une fac de droit, ce qui fut un choc. C’est alors posé une question : Mais comment travailler dans ces conditions ? J’ai pensé que c’était une bêtise d’aller en droit et je n’ai pas réussi à m’adapter à la vie urbaine. Globalement beaucoup des étudiants étaient issu du milieu rural la période du début des année 1970 correspond à celle de l’exode rural. A cette époque les perspective d’avenir étaient également différente, avec le bac avant on pouvait postuler à des postes de la fonction publique. D’ailleurs beaucoup sont partis à Paris ou ailleurs pour travailler. C’était quelque chose de violent. Il fallait deux heure et demi voir trois heures pour aller à Toulouse. Pour moi c’était un voyage. 

Arriver dans un nouveau milieu c’est toujours particulier. Quand à l’époque je partais à St Giron pour le lycée ce n’était pas valorisant d’être paysans on disait plutôt « agriculteur ».  Quand j’arrive la bas tu rencontre le fils de docteur et d’instituteur. Nous avions des uniformes qui servaient à rehausser celui qui était en bas de l’échelle sociale. Cela m’a de rencontrer d’autre personnes plus facilement, c’était un vecteur d’intégration comme l’était également le sport.  Le sport a été une sorte d’élévation sociale. Ce souvenir des enseignants pour moi était des enseignants magnifique pour moi. Ils avaient des compétences exceptionnelles. Quand j’ai fais ma licence ensuite j’ai passé des concours d’inspecteur des douanes. Je dois partir à Rochefort ou en Belgique mais j’avais pas envie d’aller aussi loin. J’avais envie de travailler en lien direct avec les personnes et surtout j’étais pas prêt à partir. Et à l’époque St Giron jouait en première division j’étais dans l’équipe et je voulais pas partir. Je suis devenu infirmier et j’ai passé 35 ans magnifique. 

 

On pourrait parler des gens qui sont arrivés plus tard. Y’a ceux qui sont nés ici puis ceux qui sont arrivé progressivement. On toujours attentifs au gens qui arrivent. Et puis ces lieux de rencontres comme le Qu’es Aquo permettent d’échanger. L’école et aussi un vecteur d’intégration mais également le vecteur associatif. En tant qu’élu on se doit parfois d’être plus intrusif mais pas dans un mauvais sens mais pour aider les gens et les accompagner. 

 

Pas vraiment de plat typique à part le le millas et la croustade. Le millas était un plat d’hiver pour tenir l’estomac (farine de mais fourmi par les produits du moulin) Ça se faisait au moment du cochon : on utilisé l’auge de cuisson du boudin pour cuire la farine de mais dans laquelle on ajouté du lait. Après c devenu un dessert car on y ajouta du beurre et du sucre dans les années 70. Ce plat ne tournait pas on pouvait le manger pendant 8 jours. 

L’arriver de la machine. 

Exemple de ma femme réfugié de la Russie à l’issue de la guerre. Ils ont tout laissé la bas et on payé cher leur nationalité. 

 

Le service militaire : Constructeur de l’homme et brassage sociale et ethnique. On déterminait les gens en fonction de la propreté et de l’alphabétisation. 

L’apprentissage de la loi et du respect était déjà présentes dans le cadre sociale du village. 

 

Cette vie je ne voudrais l’échanger pour rien au monde. 

Le respect que j’avais pour les professeurs était immense il m’ont laissé le gout de la lecture et de la culture.